Prosper MERIMEE

                               Prosper Mérimée

                                                      (1803-1870)

      

 «Car, disait-il, il n'y a qu'un amour très violent et satisfait qui se contente d'une seule femme.» En outre, la mauvaise compagnie dans laquelle don Juan était plongé ne lui laissait pas un moment de repos. Il paraissait à peine dans les classes, ou bien, affaibli par les veilles et la débauche, il s'assoupissait aux doctes leçons des plus illustres professeurs. En revanche; il était toujours le premier et le dernier à la promenade; et, quant à ses nuits, il passait régulièrement au cabaret ou en pire lieu que celles que doña Teresa ne pouvait lui consacrer."

                                  Mérimée, Prosper. Les âmes du purgatoire.

     

 Oeuvres principales :

Carmen Colomba La Vénus d'Ille Malteo Falcone Le vase étrusque Tamango La double méprise Mosaïque Nouvelles Dernières nouvelles Chroniques du règne de Charles IX

PRIVATEBiographie de Prosper Mérimée (1803-1870)

PRIVATE1803

Prosper Mérimée naît le 23 septembre à Paris. Son père, Léonor, est professeur de dessin à l'Ecole Polytechnique. C'est un peintre reconnu, grand spécialiste des écoles flamande et italienne. La mère de Prosper, Anne-Louise Moreau, de presque 20 ans moins âgée que son mari, descend de Marie Leprince de Beaumont, la conteuse qui immortalisa La Belle et la Bête. Dès son plus jeune âge Prosper Mérimée est en contact avec le monde de l'art.

1811

Le jeune Prosper Mérimée suit ses études au lycée Napoléon (Henri IV). C'est un élève moyen, qui toutefois, se distingue en droit.

1819

Après son baccalauréat, il commence des études de droit, sur les conseils de son père.

1820

Sous l'influence de sa mère, il s'intéresse à la littérature anglaise, l'une des sources du romantisme français naissant.

1822

Mérimée commence une tragédie ( Cromwell) dont il fait une lecture chez son ami Viollet-Le-Duc.

Il aimerait devenir écrivain, mais souffre de 2 handicaps : il n'a ni nom, ni fortune. De plus, ses positions libérales et religieuses ne lui facilitent pas la tâche. Il a du mal à intégrer les milieux de la Cour et du faubourg Saint-Germain. Il parvient à force de patience à faire son entrée dans la vie mondaine et fréquente les salons parisiens.

Il fréquente bientôt Musset et Hugo. Il rencontre Stendhal (Henri Beyle), de 20 ans son aîné, qui devient l'un de ses amis.

1823

Mérimée obtient sa licence de droit. Il est exempté de service militaire pour "faiblesse de constitution"

1825

Mérimée, passionné par le théâtre espagnol publie une série d'articles anonymes dans le Globe. Puis il conçoit l'idée d'une mystification : il "crée" une comédienne espagnole, Clara Gazul, dont un imaginaire M. Joseph Lestrange vient de traduire les œuvres. Il lit ou fait lire chez Delécluze, six pièces qui seront publiées sous le titre, Théâtre de Clara Gazul. Il y dévoile un esprit brillant, à la fois fantaisiste et humoristique. Plusieurs revues tombent dans le piège, cependant Le Globe révèle la mystification.

1826

Mérimée qui mène une vie de dandy, effectue trois voyages en Angleterre. Le reste du temps, il fréquente les cercles littéraires parisiens.

1827

Mérimée rencontre Emilie Lacoste qui deviendra sa maîtresse.

Il persévère dans la supercherie. Il publie La Guzla (anagramme de Gazul), présenté comme un recueil de chants populaires, qui auraient été écrits par un certain Hyacinthe Maglanovitch (comme pour le Théâtre de Clara Gazul, c'est Mérimée qui en est l'auteur).

1828

Mérimée est blessé en duel par le mari de sa maîtresse Emilie Lacoste.

Il commence la publication de nouvelles qui vont établir sa réputation.

1829

Mérimée fréquente le Cénacle.

Ce sont les années de création intense. Il publie Chronique du règne de Charles IX, un brillant tableau des guerres de religion du XVI ème siècle.

Il publie également des nouvelles : Mateo Falcone, Vision de Charles IX, Tamango, Federigo, L'Enlévement de la Redoute.

1830

Sa pièce, Le Carrosse du Saint-Sacrement, est jouée par l'actrice Augustine Brohan, dont Mérimée est amoureux. La pièce cause un véritable scandale en raison de ses positions antireligieuses.

Mérimée publie Le Vase Etrusque et la Partie de Trictrac.

La Monarchie de juillet va permettre à Mérimée de faire valoir ses idées libérales; Elle va lui faciliter les contacts et lui permettre d'obtenir protection, faveurs et emplois.

Lors d'un voyage en Espagne, Mérimée fait la connaissance du futur Comte de Montijo, le père de la future épouse de l'empereur Napoléon III. Eugénie, la future impératrice n'est alors âgée que de 4 ans.

1831

Grâce à diverses protections, Mérimée entre dans la haute administration. Il est nommé chef de cabinet du Comte d'Argout, Ministre du Commerce.

1832

Mérimée est chargé des mesures prophylactiques pendant l'épidémie.

Il publie Lettres à une inconnue.

1833

Mérimée a une liaison éphémère avec George Sand

Il publie La Double Méprise.

1834

Mérimée devient inspecteur général des monuments historiques. Sa passion pour l'archéologie et son goût des voyages peuvent ainsi s'épanouir pleinement.

Il publie les Ames du Purgatoire

1835

Mérimée publie ses notes d'un voyage dans le Midi de la France. Ces notes seront le point de départ de La Vénus d'Ille qu'il publiera 2 ans plus tard

1836

Début de la liaison entre Mérimée et Mme Delessert

Mort de son père

Mérimée publie ses notes d'un voyage dans l'Ouest de la France

1837

Mérimée publie La Vénus d'Ille

1838

Mérimée publie ses notes d'un voyage en Auvergne

1839

Mérimée voyage en Italie avec Stendhal

1840

Mérimée publie ses notes d'un voyage en Corse qui lui inspirent Colomba. Cette nouvelle, l'un de ses chefs d'œuvre parait en juillet dans La revue des Deux Mondes.

1841

Mérimée visite la Grèce et la Turquie

1842

Mort des son ami Stendhal

1844

Mérimée publie Arsène Guillot, une nouvelle dans La revue des Deux Mondes.

Il est reçu à l'Académie française

1845

Mérimée publie Carmen. Cette nouvelle ne connait qu'un faible succès, elle doit beaucoup sa gloire à Bizet (1875). Il apprend le russe.

1849

Mérimée traduit Pouchkine. Il est l'un des premiers à s'intéresser à la littérature russe. La revue des Deux Mondes publie La dame de Pique qu'il a adapté de l'auteur russe.

Il publie H.B, en l'honneur de son ami Stendhal (Henri Beyle), mort en 1842.

1852

Mérimée est emprisonné 15 jours à la Conciergerie pour l'affaire Libri. Il avait défendu la cause d'un bibliothécaire indélicat, faussaire, qui était le mari d'une de ses anciennes maîtresses.

1853

Mérimée publie des Monuments de France.

Mérimée est nommé sénateur à vie. Il devient un familier de Napoléon III et de son épouse Eugènie de Montijo. Il devient l'une des cibles des opposants à l'Empereur. Hugo, de retour d'exil, s'exclamera : "Le paysage était plat comme Mérimée."

Il voyage en Espagne.

1854

Rupture avec Mme Delessert

1856

Atteint dès 1856, de graves troubles de la respiration, il commence à se rendre dans le midi, à Cannes, sans cesser pour autant de voyager.

Il traduit le coup de Pistolet de Pouchkine

1858

Mérimée fait faire à Napoléon III et à l'impératrice sa fameuse dictée. Ils font respectivement 54 et 90 fautes.

1862

Mérimée sert de nègre à Napoléon III pour la rédaction d'une Histoire de Jules César.

Mérimée achète une maison à Cannes pour tenter de soigner une grave bronchite chronique.

1863

Il se partage entre l'Angleterre, Cannes, Paris et Biarritz.

Il refuse le Ministère de l'Instruction publique

Il rédige la préface de Pères et Enfants de son ami Tourgueniev.

1865

Il rencontre Bismarck le 18 septembre

1866

Il lit la Chambre bleue et Lokis à Mme Delessert

1868

Mérimée publie Lokis

1869

Son l'asthme le fait terriblement souffrir

1870

Mérimée reste très attaché au régime impérial. Il essaie en vain de s'opposer à sa chute en août 1870. Profondément affecté par la déroute de la France dans la guerre franco-prussienne et par la défaite de Sedan, il meurt à Cannes le 23 septembre. Il est enterré au cimetière anglais de Cannes.

1871

Sa maison de Paris est incendiée pendant les troubles de la Commune.

1873

Publication posthume de Dernières Nouvelles

CARMEN

L’action se déroule dans les années 1820 – 1830 en Espagne

Alors qu'il voyage à travers l'Espagne accompagné d'un guide, Mérimée, qui s'identifie ici à un archéologue à la recherche de quelques lieues archéologique et historiques sur les traces de César, rencontre un cavalier près d'une source d'eau. Ce dernier paraît un peu farouche mais à la faveur d’un cigare et d’un repas, sympathise avec lui, et les deux hommes ainsi que le guide partent pour passer la nuit dans une venta (sorte de mauvaise auberge). Pendant le trajet, Mérimée se forge une opinion sur l’inconnu. Il ne doute pas qu’il a affaire à un contrebandier ou un bandit. Paradoxalement, cela le rassure quelque part. Il entame alors des histoires de briganderie à la louange des voleurs et notamment de José-Maria fameux bandit d’Andalousie. Durant la nuit, las des punaises qui le martyrise, Mérimée va s’étendre sur un banc. A peine allongé, il aperçoit son guide s’enfuir. Il le rattrape et apprend que l'homme qu'ils ont rencontré n'est autre que Don José, un bandit et un tueur recherché par les autorités. Le guide décide donc d'avertir les lanciers pour récupérer la prime. Mais le jeune archéologue, estimant que son nouvel ami ne mérite pas ce sort, l'avertit et lui permet de s'enfuir. A l'arrivée des brigadiers, Mérimée déclare qu'il ne sait rien du tout. Suite à cette mésaventure, il retourne quelques jours à Cordoue.

C'est là, alors qu’un soir il fume sur un parapet, qu'il rencontre Carmen (diminutif de Carmencita), une gitane. Après avoir fait connaissance, la jeune femme propose de lui lire l'avenir. Il accepte et l'accompagne chez elle. Mais alors qu'elle allait commencer, un homme, apparemment furieux, débarque. Il s’entretient avec Carmen. Cette dernière très en colère fait des gestes qui font penser à une gorge coupée. L’homme se dévoile. Ce n'est autre que Don José ! Le jeune voyageur est très surpris, mais il n'a pas le temps de réagir que Don José le prend par le bras et le met dehors. Mérimée rentre donc à son hôtel. Là, il se rend compte que sa montre a disparu. La gitane lui a sans doute volé, néanmoins il préfère ne pas aller la réclamer. Il termine son travail à Cordoue puis quitte la ville. Après plusieurs mois de voyage à travers l'Andalousie, Mérimée retourne à Cordoue, et rend visite aux Dominicains qui l'avaient aidé dans ses recherches. A son arrivée au couvent, il est accueilli à bras ouverts par les religieux. L'un d'entre eux lui déclare qu'ils ont retrouvé sa montre, ainsi que l'homme qui la lui a volé. Ce dernier est sous les verrous. Mérimée, se doutant qu’il s’agit de Don José, décide de lui rendre visite. A son arrivée, le malfaiteur demande à Mérimée de remettre une médaille à une petite bonne femme qui habite Pampelune lorsqu’il rentrera en France. Il passe les deux derniers jours avec le bandit alors que sur le point d'être exécuté, Don José conte son histoire à Mérimée.

Don José Lizarrabengoa est né à Elizondo. Il est basque et chrétien de haute noblesse. Il doit quitter le pays assez jeune car il a commis un meurtre lors d’une altercation avec son adversaire dans une partie de jeu de paume. Il s'engage chez les dragons, et est envoyé à la manufacture de tabac de Séville où travaille 400 à 500 femmes. C'est là qu'il rencontre Carmen. Il est tout de suite charmé, d'autant plus que la gitane parle le Basque, sa soi-disant langue natale et qu’elle l’aguiche en lui lançant entre les jambes une fleur de cassie. Hélas elle commet un crime dans la manufacture en poignardant une de ses camarades pour des futilités, et il doit l'emmener au poste. Mais il s'éprend de sa prisonnière et la laisse s'échapper. Il est convaincu d’avoir aidé la rebelle à s’enfuir et est envoyé en prison pour un mois. Il est dégradé et redevient simple soldat. Pendant son séjour en prison, il reçoit de la part de Carmen, un pain dans lequel est caché une lime et un pièce d’or. Il ne s’en sert point.

A sa sortie, il est mis en faction devant la porte d’un colonel. Un soir, il rencontre de nouveau Carmen en compagnie du colonel qui a donné un bal chez lui. En entendant les bruits qui proviennent du salon, il devient jaloux et s’aperçoit qu’il est en train de tomber amoureux de Carmen. Lorsqu’elle quitte le bal, elle lui donne rendez-vous pour le lendemain. Ils se retrouvent donc et partent se promener. Carmen déclare sa flamme au jeune homme, et ils passent la journée ensemble. Mais à la fin de la soirée, Don José déclare à sa compagne qu'il doit rentrer dans ses quartiers. Elle se met alors très en colère, et lui déclare qu'il est trop dépendant de ses supérieurs, et qu'il ne faut plus qu'ils se voient. Cela brise le cœur de Don José. Il décide de rester avec elle, et à partir de ce jour, il n'arrête plus de penser à elle. Le lendemain Carmen le quitte.

Une nuit, alors qu'il est de faction dans un entrepôt de Séville, Carmen vient de nouveau à lui. Elle veut qu'il laisse passer une bande de contrebandiers. Il ne peut résister au charme de la gitane, et il la laisse faire en échange d'une rencontre avec elle le lendemain. Ils se retrouvent donc, mais Carmen est en colère. Elle estime qu'il n'est pas normal de lui faire du chantage. Ils se disputent mais elle revient vers lui peu après, et lui donne rendez-vous de nouveau. Cette fois-ci elle ne vient pas et Don José apprend qu'elle est parti pour affaire. Il n'y croit pas. Quelques jours plus tard, il la retrouve, alors qu'elle est accompagnée d'un lieutenant du même régiment que Don José. Cela met très en colère ce dernier, et lorsque le lieutenant lui demande de partir, ils en viennent aux armes. Le jeune homme tue l'officier et s'enfuit, blessé.

Après l'avoir soigné, la gitane lui propose de devenir contrebandier. Il quitte alors Séville et rejoint une troupe de contrebandiers, menée par le Dancaïre. Il mène une vie heureuse, jusqu'au jour où il apprend que Carmen est mariée. Son mari, nommé "Garçia le Borgne", vient de s'évader de prison. A partir de ce jour, la vie de Don José devient un enfer. Il ne supporte pas de voir sa bien

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